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"Les hommes, les femmes meurent, pas leurs idées "

vendredi 17 mars 2006, par Bernard Ripert


Joëlle Aubron, je ne l’ai connue que dans la seconde partie de son existence, lorsqu’elle est devenue une militante révolutionnaire, une militante d’Action Directe.

Je l’ai connue et même bien connue puisque, comme je l’avais promis à elle et à ses camarades, je l’ai accompagnée de son arrestation à sa libération, presque vingt ans de ce parcours tortueux, sinueux, douloureux, dont elle n’a jamais dévié.

Je ne l’ai jamais vu, ni en prison, ni pendant sa maladie, baisser les bras.

Joëlle était une fille bien, courageuse, admirable. Mais il n’est pas utile d’insister sur ses qualités, tout le monde ici les connaît.

Je voudrais vous dire quelque chose d’autre, quelque chose de plus.

Il y a ceux qui partent, ceux qui meurent, et ceux qui restent, ceux qui vivent.

Si Joëlle a souffert pendant sa maladie, maintenant, elle ne ressent plus rien et la douleur et la peine sont pour ceux qui restent et dont il n’est pas inutile de parler.

Souvent on demande, on me demande si Joëlle ne regrettait pas son combat, ses actions.

Eh bien oui, elle regrettait. Elle regrettait de vivre dans un monde où règnent l’injustice, l’inégalité, l’égoïsme, l’individualisme. Elle qui se battait pour la justice, l’égalité, la solidarité, l’altruisme.

Elle regrettait d’avoir dû prendre les armes pour se battre pour un monde meilleur qu’elle n’a pas connu et que nous ne connaîtrons, sans doute pas.

Elle regrettait d’avoir été aussi peu nombreux à se battre ainsi.

Elle regrettait que sa lutte, que leur lutte, n’ait pas trouvé d’autres souffles.

Mais pour le reste, pour son combat, pour la prison, pour les actions de son organisation, non, elle ne regrettait pas, elle ne regrettait rien.

De son vivant, elle a toujours assumé son engagement. Après sa mort, nul n’a le droit de regretter pour elle.

Et je voudrais vous dire encore, ce que l’on ne me laisse pas dire ailleurs, parlant de Besse ou Audran, pour ces actions revendiquées par son organisation Action Directe : La première violence, les militants ont dû l’exercer contre eux-mêmes pour se contraindre à réaliser ces actions qui étaient contre leur nature profonde mais qu’ils estimaient utiles à leur combat. Cela, aucun d’entre eux ne vous le dira, ne peut vous le dire ; car ils s’interdisent de faire état de leurs sentiments personnels de crainte que cela n’altère le sens de leur lutte, la solidarité nécessaire entre eux, l’image d’Action Directe.

Je voudrais enfin vous dire que pour intégrer la lutte armée, il faut un courage hors pair. Il faut beaucoup de renoncement, d’abnégation. Et le premier renoncement pour Joëlle, le plus difficile sans doute, fut celui de sa famille, de ses parents.

Pendant sa clandestinité, pendant ses années d’isolement en détention, pendant ses longues années de prison, elle n’a cessé de penser à eux, aux soucis, aux préoccupations, à la peine qu’elle leur occasionnait par son engagement, et par sa situation.

Mais je voudrais leur dire combien elle était fière d’eux, combien elle a été réconfortée par leur présence à ses côtés, par leur soutien peut-être pas à son engagement mais à son combat contre la répression, l’isolement, la prison, pour leur libération.

Oui, elle était fière et heureuse que ses parents aient compris le sens de sa lutte et même l’aient rejointe dans son combat, au moins à partir de son arrestation ; qu’ils se soient ainsi, après ces dures années de séparation, retrouvés.

Il n’y a plus beaucoup de révolutionnaires aujourd’hui, les révolutionnaires sont ceux qui mettent leurs actions en conformité avec leurs idées.

Tous, ici, sans doute, nous dénonçons ce monde où les chiens sont mieux traités, mieux nourris, mieux soignés chez nous que les enfants ne le sont dans les pays du Sud.

Tous ici nous dénonçons l’hégémonie des États-Unis qui se permettent de massacrer impunément en Afghanistan, en Irak et ailleurs, mais comme nous ne faisons rien contre cela, cela continue et de ce fait, nous le tolérons. Joëlle, Nathalie, Georges, Jean-Marc, ne le toléraient pas. C’est pour cela qu’ils se battaient, c’est pour cela qu’ils sont allés plus loin que nous.

Depuis sa libération, Joëlle ne menait plus qu’un seul combat, celui pour la libération de ses camarades. Si nous voulons lui rendre un vrai hommage, si nous voulons la respecter et respecter ce que fut sa vie, continuons son combat jusqu’à la victoire.

Adieu Joëlle.

Je disais souvent aux procès : « On emprisonne les hommes, les femmes, pas leurs idées » ; aujourd’hui je dirai : « Les hommes, les femmes meurent, pas leurs idées ».

À nous de les faire vivre !

Les Ulis, le 7 mars 2006

Bernard Ripert




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