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Déclaration lue le 17 avril 2008

dimanche 20 avril 2008, par Jean-Marc Rouillan


Camarades,

Le voile noir de la réaction flotte sur l’Europe. Pas une année sans qu’un pays ne tombe sous la coupe de la droite extrême. Quant à leurs adversaires politiques officiels, ils ne valent souvent guère mieux - si ce n’est qu’ils ajoutent la bonne conscience à la dictature libérale. L’Otan et le militarisme sécuritaire gagnent du terrain dans les têtes.

Nous devons partir de ce constat : le mouvement révolutionnaire a quasiment disparu de l’horizon continental.

Bien sûr, ici et là, des poches de résistance dressent encore nos drapeaux. Ailleurs, les militants anti-capitalistes s’engagent tant bien que mal dans des processus de recomposition. Ces processus sont fragiles et souvent contradictoires, mais ils ont l’infini mérite de dépasser l’aveuglement des ghettos et les alibis sectaires de la décomposition.

Depuis des années, seule une infime minorité de militants se préoccupe de la détention politique. Les autres demeurent sourds et absents. Et beaucoup la nient tout bonnement à coups de postulats dogmatiques. Pour quelques-uns, il n’y aurait pas de prisonniers politiques ; pour d’autres, il ne s’agirait que de terroristes ayant le sort qu’ils méritent. Cette arrogance de la fausse radicalité et ce conformisme frileux découlent tous deux de nos défaites collectives et du recul des positions révolutionnaires.

Ainsi les justifications se tricotent à la veillée pour ne jamais participer aux mobilisations solidaires, chargées de trop de poudre et de sang. Et quand certains y participent, par exemple, lors d’une campagne contre l’extradition menaçant un militant, ils se sentent d’autant plus confortés lorsque le détenu, pour se sauver, renie son engagement passé, ou claironne ad nauseam le refrain de l’innocence.

Ainsi, au fil des années, la dépolitisation s’est installée sur le terrain de la solidarité. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre, dans la bouche de nombreux militants, le discours du pouvoir bourgeois à propos de la loi, du droit et de la justice ; mais surtout et avant tout, aux yeux de beaucoup, en reprenant la condamnation de la violence révolutionnaire.

Dans les tentatives actuelles de recomposition de la gauche révolutionnaire, nous, prisonniers politiques, et avec nous les membres des groupes de soutien, avons le devoir de replacer au cœur des préoccupations militantes la question de la détention politique. Nous devons enrichir de nos expériences le camp anticapitaliste.

Ainsi participerons-nous à la conscientisation et aux actions de solidarité de classe. Sur le terrain de la détention politique, cette solidarité réclame des mobilisations conséquentes, une convergence de larges secteurs et une pratique de longue durée. Sur la base des combats passés et présents, elle doit se développer autour de deux revendications permanentes :

- Dissolution des tribunaux d’exception et abrogation des lois spéciales.
- Amnistie des prisonniers politiques.

Cependant, la détention politique n’épuise pas la question de la prison ni bien évidemment celle de la répression de classe. Mais plus que jamais, elle se situe au cœur du système répressif et matérialise la menace permanente contre tous ceux qui osent s’organiser, lutter et résister.

La détention politique est le nœud gordien du système répressif. Là où s’inscrit, jour après jour, en béton et en fil barbelé, la violence de l’Etat réactionnaire au service du régime autoritaire libéral. La détention politique constitue un des baromètres du rapport de force et de l’antagonisme des classes.

Aujourd’hui près de 300 prisonniers politiques sont enfermés dans ce pays. Ils subissent un arbitraire quotidien : censure, dispersion, brimades, interdits... Certains camarades sont isolés, quelques-uns depuis des années et des années. Ce traitement a pour but de les briser et de les retourner contre leur propre engagement. Les tribunaux spéciaux espèrent ainsi les utiliser dans leurs campagnes de pacification sociale et politique. Pour l’Etat, un détenu qui agit en prisonnier politique et revendique son action passée est à éliminer.

Depuis des années, la multiplication des lois sécuritaires et des instances spéciales (en particulier la perpette réelle et la création de l’application des peines anti-terroriste) œuvrent à cadenasser le système du « nouvel anti-terrorisme ». Si cette menace n’atteint pas encore l’ensemble de la gauche anticapitaliste, il y a fort à parier qu’elle s’étendra dès les premiers signes d’une reprise de pratiques contestataires de masse.

Notre conscience et notre expérience seront alors décisives.

Voilà pourquoi la question de la détention politique doit être inscrite parmi les points cruciaux de la recomposition de la gauche révolutionnaire.

La répression des résistances de notre classe mondiale et des peuples opprimés est l’axe fondamental du programme frauduleusement dénommé « guerre contre le terrorisme et pour la sécurité ». Cette nouvelle forme de la lutte de la classe bourgeoise impérialiste inscrit la criminalisation à chaque étape de la contestation politique.

Comme le procès de travail, la répression, la guerre impérialiste et la guerre civile sont mondiales, aucun sujet d’actualité ne peut être abordé séparément de ses implications transnationales. Notre solidarité de classe est un combat brisant les murs et les frontières.

La semaine passée, sous la bannière d’une cause humanitaire médiatique, la bourgeoisie défilait en brandissant les photos de militaires et de policiers colombiens dont beaucoup sont des tortionnaires du régime narco-libéral et des complices des escadrons de la mort. Il est donc essentiel d’adresser un message de solidarité aux détenus et guérilleros des FARC et de l’ELN, sans oublier les camarades chiliens du FPMR détenus dans les prisons brésiliennes de Lula, ni les prisonniers du PCP et du MRTA, enterrés vivants dans les geôles du gouvernement social-démocrate péruvien.

Alors que les forces impérialistes et colonialistes sont engagées dans l’agression « anti-terroriste » contre les peuples du Moyen-Orient, je terminerai par un message de solidarité destiné aux résistances palestiniennes, libanaises et irakiennes, fer de lance des peuples de la région :


- A tous ceux qui subissent les agressions de l’OTAN, des sionistes et de l’armée US !
- Aux habitants des villes et des camps bombardés.
- Aux populations livrées aux mercenaires et menacées par les escadrons de la mort et les « assassinats ciblés ».
- Aux résistants arrêtés, torturés, enlevés, déportés à Guantanamo ou disparus dans les prisons secrètes de la CIA.
- Aux milices ouvrières des quartiers populaires de Bagdad.
- Aux grévistes et aux émeutiers du Caire.
- Aux prisonniers communistes libanais, Samir Kuntar détenu dans les geôles de l’Etat sioniste depuis 1979 et au camarade Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné en France depuis octobre 1984.

À tous ceux qui résistent !
Votre combat est notre combat !

J. Marc Rouillan
Prisonnier Politique d’Action Directe
Prison des Baumettes
Marseille avril 2008




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