68 ans : est-ce un âge pour cesser de te rebeller, de lutter, de résister..., de vivre donc ?
Ta mort prématurée nous prive d’un insurgé sans repos, d’un homme, « partie de ce tout qui fait l’humanité », dangereux pour le capital, car fort de révolte et d’étude.
Depuis tes premières expropriations de marchandises redistribuées dans les quartiers miséreux de Marseille ou tes actions de soutien au FLN, tu as assumé tous tes combats, sans jamais te renier. Toujours engagé aux côtés de ceux qui, dans l’illégalité, agissaient pour la liberté – Algériens, Sud-Américains... – et parmi tes frères de classe, les exploités et les opprimés.
Tu as affronté la torture policière, la prison déshumanisante, les QHS et le cachot sordides. De grèves de la faim en tentatives d’évasion, tu n’as jamais cessé de résister – parfois désespéré, jamais résigné, souvent héroïque. « C’est ainsi que je menais des combats sans merci où la seule victoire était la lutte. »
Et de ces vingt-cinq années dans les geôles de l’État, dont neuf d’isolement ou en QHS, tu es sorti vainqueur. Tu as alors voulu transmettre cette expérience pratique, convaincu que « l’Idée ne meurt pas », fort de tes convictions communistes, révolutionnaires.
Libre, tu as fait entendre ta voix solidaire pour exiger la libération de tes camarades d’Action directe et de Georges Ibrahim Abdallah.
Nous retiendrons de toi, camarade Charlie Bauer, cette vie de combats contre la soumission, pour la justice et, même à contre-courant, cet optimisme qui t’a fait écrire :
« Nous étions quelques-uns, demain nous serons des milliers dans les rues à déborder les trottoirs, et après-demain encore des millions qui chanterons nos droits conquis. »
Le Collectif « Ne laissons pas faire ! »
Paris, le 9 août 2011