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Communiqué de Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon : grève de la faim en soutien au mouvement contre les prisons de type F en Turquie

vendredi 1er juin 2001


Depuis le 24 avril et jusqu’au 27 mai, les prisonniers du PCE(r) et des GRAPO sont en grève de la faim. Venue de l’intérieur, une nouvelle action de solidarité avec la lutte contre les prisons de type F.

Au moment où nous écrivons ces lignes en Turquie, 20 grévistes de la faim sont déjà morts, dans les prisons et hors leurs murs dans ce « pays entier transformé en prison » (1). Les médias français se complaisent à présenter ce combat comme une opposition entre deux « fanatismes ». Comme sur les plateaux d’une balance, ils posent d’un côté l’intransigeance brutale du gouvernement turc et d’un autre le dogmatisme des plus de 1000 prisonniers politiques et plus de 300 parents engagés dans cette grève. Ils mentionnent certes que la police et le système judiciaire turcs ne sont pas exempts de reproches quant aux droits de l’Homme. Pour autant, ces commentaires n’évoquent que discrètement la torture et les procès d’exception. Ils sont pourtant les instruments routiniers de l’appareil répressif, contribuant à un régime où nombre des normes démocratiques dont ces mêmes médias se font les chantres, en d’autres circonstances, sont hors la loi, liberté de penser, de s’exprimer, de s’associer.

En Turquie ces derniers mois, les forces de l’ordre multiplient les exactions contre ceux et celles osant élever la voix contre ces prisons. Les sièges d’association et les rassemblements sont attaqués par les forces militaires et paramilitaires, des démocrates militants sont portés disparus... Cette évocation de ce pic de la répression n’est là que pour mémoire. La collusion entre forces militaire, paramilitaire et éventuellement mafieuses est un schéma qu’ont à subir toutes les luttes démocratiques en Turquie.

Cette situation rend d’autant plus odieux le récent appel du commissariat à l’élargissement de l’Union Européenne, demandant au gouvernement turc de peaufiner quelques détails encore avant de pouvoir accéder à une véritable candidature d’Etat membre de cette Union « démocratique ». Dans ces détails, nulle mention de la réforme pénitentiaire au cœur de laquelle s’inscrit l’introduction des prisons de type F. D’ailleurs, ne sont elles pas la marque de l’adaptation du régime de détention turc aux normes de l’Union Européenne ? Il ne s’agit pas seulement de dénoncer une hypocrisie. En étant naïfs ceux qui s’en tiennent aux postures morales des gouvernements tombent dans le piège d’une occultation des intérêts stratégi-ques. Les valeurs « démocratiques » gouvernementales n’engagent que ceux qui y croient.

La Turquie est toujours la tête de pont du monde occidental dans la région. Membre de l’OTAN, elle est doublement insérée dans la stratégie de l’Union Européenne, dans la zone méditerranéenne et moyen-orientale, l’U.E tente de s’imposer pour un partenariat concurrentiel avec les USA. Elle y alterne particulièrement velléités de définir une politique autonome, défendant ses intérêts propres, et soumission volontaire à la domination US pour mieux garantir ces mêmes intérêts.

Or les luttes contre les effets de la mondialisation s’inscrivent forcément dans ce type de rapports stratégiques entre les forces. La mainmise impérialiste tient, entre autres, aux capacités du grand capital à déterminer les rapports sociaux en fonction de ses seuls intérêts ; capacités définissant elles-mêmes l’étendue de la mainmise. Pour mieux résister aux activités prédatrices des engrangeurs de profits, nous avons besoin de développer concrètement notre conscience des liens multiples avec les luttes qui ressemblent aux nôtres. C’est déjà ce qu’avancent les mobilisations de Seattle, Nice, Prague, Québec... Ce pourrait être aussi une multiplicité d’initiatives où seraient relayées les voix des camarades turcs, où apparaîtrait la complicité de I’Etat français dans le crime perpétré et en cours. Bref, de devenir plus conscients encore de ce qui nous tient debout dans l’adversité : la solidarité comme arme contre l’injustice, la misère et l’oppression.

C’est l’une des bases de notre signature de la plate-forme du 19 Juin 1999. Avec des prisonniers anti-impérialistes, anti-fascistes, communistes et libertaires, nous nous engagions alors à constituer une communauté de lutte dans et contre la prison impérialiste. Depuis, une quarantaine de signataires ont répondu, en décembre 2 000, à un appel de Pierre Carette pour une semaine de présence solidaire aux côtés des militants turcs. Ce même mois, il y eut des jeûnes de solidarité dans les prisons allemandes. Dans l’Etat espagnol, des militants du PCE(r) et des GRAPO conduisirent alors plusieurs semaines de jeûne en se relayant de prison en prison.

Ces dernières semaines, en France, des prisonniers sociaux politisés expriment à leur tour ce sentiment d’être concernés par cette lutte de l’issue de laquelle dépend, entre autres, la systématisation de l’usage de l’isolement (2) contre les militants politiques. Les revendications des camarades turcs sont les nôtres : - suppression des prisons de type F ; - abolition des lois « anti-terroristes » et dissolution de la Cour de sûreté de l’Etat ; - condamnation des responsables des nombreux massacres dans les prisons ces dernières années ; celui de décembre 2000, 28 morts, est seulement le plus récent et le plus public.

Ces jours-ci, les médias français et sans doute européens ne traitent plus de cette lutte. Provisoirement, il n’y a plus de morts. Dans les prisons et « hôpitaux », les grévistes sont nourris de force.

Du 20 au 27 mai, nous serons en grève de la faim pour l’une, en refus des plateaux pour l’autre.

Le 12 Mai 2001

Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon

Prisonnières d’Action Directe

(1) Resit Sari qui parle ainsi a été libéré de la prison de Umrarniye peu avant l’assaut du 20 décembre. Dehors il a continué sa grève de la faim, depuis plus de 145 purs maintenant. (2) La modification annoncée depuis des mois de la loi « anti-terroriste » prévoit explicitement l’isolement des condamnés au nom de cette même loi, qui permet par exemple d’incarcérer pendant des années le simple membre d’une association de quartier. Resit Sarii est l’un de ces exemples




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