Daniel Bensaïd nous a quittés
Le Collectif « Ne laissons pas faire ! » salue la mémoire du camarade Daniel Bensaïd dont nous venons d’apprendre la mort trop précoce. Sa disparition vient interrompre une vie de militant révolutionnaire, d’intellectuel marxiste, d’internationaliste en actes.
La solidarité avec les militants frappés par la répression a aussi marqué l’engagement de Daniel Bensaïd, et nos camarades d’Action directe ont pu le voir s’investir en première ligne dans la campagne pour leur libération.
Depuis la première pétition lancée par notre Collectif en 1999 jusqu’à ces dernières semaines, Daniel Bensaïd a toujours répondu présent pour élargir ce combat, pour en expliquer les enjeux politiques, pour refuser que soit brisé le lien d’une histoire commune.
Daniel Bensaïd s’exprimait avec force sur la démocratie, sur la violence des classes dominantes et sur la lutte armée ; il refusait de renoncer aux principes qui étaient les siens depuis ses débuts dans la lutte révolutionnaire. Et selon lui, les militants d’Action directe appartenaient « au même ensemble de ce qui s’est fait dans la diversité de ces années 60-70-80 ». Daniel Bensaïd ne dénonçait pas seulement « l’état d’exception judiciaire » qui frappait les prisonniers d’Action directe, il nous aidait aussi à analyser cette exigence de repentance adressée au « parti des vaincus », repentance qui était pour lui « une notion théologique, l’exigence d’abjurer, une manière de dépolitiser le débat ». Il reliait ce chantage fait aux prisonniers révolutionnaires à la logique de la « guerre préventive contre le terrorisme », qu’il voyait dériver « vers une guerre morale traitant l’adversaire comme une incarnation du mal ».
Quand les militants d’Action directe seront enfin tous libérés, et longtemps après, nous nous souviendrons du soutien fraternel du camarade Daniel Bensaïd.
Le Collectif « Ne laissons pas faire ! »
Paris, le 12 janvier 2010