Pourquoi Action Directe continue-t-elle à être identifiée comme une organisation révolutionnaire en tant que telle, aussi bien dans les campagnes de presse, dans les mesures prises jusqu’à ce jour contre ses membres emprisonnés, mais aussi par nombre de prolétaires en lutte, de militants révolutionnaires, ici comme ailleurs, alors même que ses militants sont emprisonnés depuis plus de vingt ans ?
Si cela découle, bien entendu, de l’action qu’elle a menée à la fin des années 70 et au début des années 80, cela vient aussi de la cohérence et de la continuité de son combat en prison, au-delà de l’isolement, de la maladie, et, pour Joëlle Aubron, jusqu’à sa disparition.
Ce combat, les prisonniers d’Action Directe l’ont mené sur deux fronts :
• Pour l’obtention du statut de prisonnier politique, contre l’isolement et pour le regroupement
• Par une réflexion collective sur l’évolution politique, par la rédaction et la publication d’analyses communes.
Le statut de prisonnier politique et le regroupement
C’est pour les prisonniers d’Action Directe l’affirmation de leur identité commune, de leur volonté commune, de leur solidarité. Cette revendication n’est pas conçue en opposition aux droits des autres prisonniers, bien au contraire : les militants participeront à de nombreuses luttes communes et verront à de multiples reprises leurs conditions de détention s’aggraver du fait de ces luttes : transfert, mitard. Mais ces revendications quant au statut et au regroupement sont l’expression d’une réalité : c’est pour leur combat politique qu’ils ont été arrêtés, c’est au nom de ce combat politique qu’ils sont poursuivis, isolés, c’est au nom de cette identité qu’ils continuent à lutter ensemble en prison.
C’est une réalité qu’ils veulent voir exister dans les faits et contre laquelle l’État s’opposera de toute la force de son pouvoir. Il faudra des grèves de la faim interminables, dangereuses, pour qu’enfin l’une des revendications - le regroupement - soit obtenue. Celui qui a permis à Joëlle et Nathalie, à Georges et Jean-Marc de pouvoir avoir des activités communes.
Dans un premier temps et pendant plusieurs années, ce sera cet isolement « à deux » qui marquera la vie des prisonniers. Ce type d’isolement, on le sait, peut avoir des conséquences psychologiques graves ; il faut une force de caractère et une solidarité sans faille pour y résister.
Ce n’est donc qu’après une dernière grève de la faim de trois mois qu’ils obtiendront le regroupement, la possibilité de parloirs communs et qu’ils pourront enfin être transférés en centre de détention et sortir de l’isolement.
La réflexion commune
Elle débouchera sur la publication d’un journal : Front, où les prisonniers d’Action Directe, malgré leur isolement et leur dispersion, continueront à faire connaître les analyses et les textes qui leur semblent importants.
Cette double activité, c’est l’expression de leur combat et de leur résistance durant ces vingt années. Aujourd’hui, ce double combat continue.
Des déclarations communes : l’une des dernières, contre la guerre en Irak ;
La lutte pour une libération sans repentir : l’État français s’efforce, comme d’autres États impérialistes, d’arracher un reniement aux militants révo-lutionnaires emprisonnés.
Ce double combat, Joëlle Aubron l’a mené jusqu’à sa mort, à chaque moment des quelques mois de liberté qu’elle a pu vivre et malgré la progression de la maladie.
Parce que pour elle, pour eux, ces deux combats sont et demeurent liés :
• La lutte contre le capitalisme et l’impérialisme,
• La lutte pour une libération sans reniement .