Sous la pression américano-française, le conseil de sécurité de l’ONU a
voté une nouvelle résolution incluant un cessez le feu garanti par le
renforcement sur le sol libanais de la présence de troupes étrangères et
en particulier des troupes françaises.
Depuis plusieurs semaines, les bombes et les obus israéliens écrasent les villes et les villages libanais. Au mépris des conventions
internationales, la volonté affichée de perpétrer des massacres et de
réduire en cendre le pays a causé la mort de plus d’un millier de civils
dont un tiers d’enfant et l’errance d’un million de réfugiées. Durant des
semaines, les sionistes ont commis des crimes de guerre sans que les
instances internationales ne lèvent le petit doigt pour s’y opposer.
Malheureusement et depuis des décennies, nous sommes habitués à l’impunité israélienne. Les sionistes ne connaissent jamais la loi des ultimatums, des embargos et des frappes occidentales. Jusqu’ici seule la lutte armée des peuples les a contraints à reculer. Et aujourd’hui encore, malgré un cruel déséquilibre des forces, les combattants de la résistance libanaise font face avec un courage à toute épreuve.
Dans ces heures d’une particulière gravité, nous, prisonniers communistes anti-impérialistes, tenons à saluer l’unité du peuple libanais face à l’agression impérialo-sioniste et la détermination inébranlable de la Résistance.
Nous tenons à dénoncer l’attitude du gouvernement français devenu le fer de lance de la politique impérialiste au Liban. L’agression sioniste est la partie la plus voyante et la plus sanglante d’un plan élaboré voici longtemps dans les cénacles néo conservateurs yankees. Au Liban, la résolution 1559 votée en septembre 2004 à l’initiative de Paris en constitua la première pierre. Sous le couvert de rétablir la souveraineté de l’État libanais, cette résolution préparait une nouvelle phase de violence. Son objectif principal est de placer le pays sous protectorat occidental et de le transformer ainsi en principale base d’attaque contre la Syrie et l’Iran. Parallèlement, les nouveaux maîtres dictent au gouvernement un traité séparé avec Israël afin d’isoler d’avantage les palestiniens et leurs alliés refusant la création d’un patchwork de bantoustans emprisonné de murs et de chars d’assaut.
La politique française avance sans masque. Elle est aujourd’hui articulée
au projet américain de Grand Moyen Orient. Le plan régional de Bush et des néoconservateurs américains est d’anéantir toute force populaire tentant de s’opposer à la main mise sur les richesses pétrolières de cette région et à son découpage en protectorats confessionnels. Comme l’a démontré avec clarté l’occupation de l’Irak, non lion d’écarter le violence,
l’installation des troupes occidentales exacerbe immanquablement la
confrontation avec les supplétifs collaborateurs et les forces populaires
de la résistance. Il en sera de même si les forces armées françaises
débarquent au Liban à la tête d’une armada impérialiste.
Durant un mois de conflit, les observateurs sont arrivés aux mêmes
conclusions. L’attaque israélienne était préparée depuis longtemps et les
sionistes n’attendaient qu’un prétexte pour la déclencher. Dès les
premiers bombardements, le gouvernement de Tel-Aviv a annoncé qu’il se rangeait sous la bannière de la guerre occidentale. Ainsi les gouvernants de Washington, Londres et Paris ne se placent pas derrière Israël, mais au contraire, l’État colon - allié aux principaux régimes arabes réactionnaires ‘l’Égypte, l’Arabie Saoudite et la Jordanie) - se fait
l’arme de la stratégie impérialiste contre les peuples de la région.
Dans cette guerre, les massacres de civils et les terribles ravages ne
peuvent en aucun cas être présentés comme des dommages collatéraux ou des accidents de tir, ils concrétisent une volonté de répandre la terreur dans les populations et de las châtier suffisamment afin qu’ils admettent la supériorité des agresseurs et qu’ils acceptent leurs plan d’occupation.
Ainsi la transformation du Liban en protectorat occidental avec la
complicité du Conseil de Sécurité figure une nouvelle fois : la récompense pour les agresseurs et la punition pour les agressés.
Au Liban, comme en Irak et en Afghanistan se joue le redéploiement
stratégique des forces agressives occidentales, l’accaparement des
réserves énergétiques mondiales et leur marche en avant vers l’Est pour de nouvelles guerres. Toutes ces basses manœuvres sont présentées sous l’étendard frelaté de la démocratie et de la bienveillance humaniste. Et plus que jamais les masses des pays agressés ont besoin de notre refus et de notre solidarité conséquente. De notre implication et de nos liens avec leur résistance anti-impérialiste dépend l’équilibre des rapports de force.
Face à l’entrée en scène directe des troupes françaises, nous avons ici
plus qu’ailleurs le devoir de dénoncer cette sale guerre et son projet
impérialiste. Avec le peuple libanais, le peuple palestinien et les masses
arabes des différents pays de la région, nous devons trouver la force de
nous organiser et de nous opposer au plan infernal de Grand Moyen Orient.
Face aux enjeux de cette bataille décisive, nous devons créer une
mobilisation consciente. C’est-à-dire capable de dénoncer tant les
agissements de la diplomatie secrète cherchant à imposer un traité séparé entre l’État sioniste et le Liban, que les tentatives de briser l’unité du peuple libanais avec sa résistance armée.
Dans ce conflit régional, un cessez le feu à tout prix n’est pas la
solution, pas plus que ne l’est l’acceptation de vivre sous la botte de
troupes occidentales. Bien au contraire !
Quant à leur projet de désarmer les résistants libanais et palestiniens,
loin d’empêcher les crimes impérialo-sionistes, il les facilitera.
Souvenons-nous des massacres des camps de Sabra et Chatila survenus après le départ des forces armées palestiniennes ! Désarmer les combattants c’est trahir leur lutte et abandonner les objectifs de libération des peuples opprimés.
Seule la justice, c’est-à-dire concrètement le retrait de tous les
territoires occupés par Israël, la libération des prisonniers palestiniens
et libanais et le droit au retour des réfugiés, est le premier pas pour
une vraie solution.
Où que nous soyons et que nous luttons, que vive notre solidarité
indéfectible avec la lutte héroïque des peuples palestiniens et libanais
contre le sionisme !
11.8.2006
Les prisonniers politiques d’ACTION DIRECTE
Nathalie MENIGON
J.Marc ROUILLAN