logo nlpf
Mobilisations Communiqués Matériel et Propagande Militant-e-s d'AD Bulletins Liens Lettre d'inf@

Nlpf!

Collectif pour la libération des militant-e-s d'Action directe

Abonnez-vous à notre lettre d'info

Nous contacter

Collectif Nlpf! c/o LPJ
58, rue Gay-Lussac
75005 Paris

nlpf (a) samizdat.net

Rechercher sur le site



Mobilisations

Bulletins

Matériel et propagande


Interview de Joëlle Aubron (Ekaitza - Gara)

lundi 19 février 2007, par NLPF


[Gara] L’on dit que l’État s’est particulièrement acharné sur vous en vous appliquant pendant toutes ces années un régime ultra dur. En a-t-il été ainsi ?

[Joëlle] Notre régime de détention fut effectivement dur. Cependant, dans le monde, des camarades sont confrontés à des régimes tellement pires qu’il y aurait de l’indécence à qualifier le nôtre d’ultra dur. Cela dit, pendant les premières années de nos incarcérations, il y eut très clairement une volonté de destruction. Cela se voit mieux encore avec le régime qui nous fut appliqué, à Nathalie et moi. Non que notre régime ait été plus dur en lui-même que celui de nos camarades masculins mais parce que l’État a organisé autour de nous deux un régime qui n’avait jamais été mis en place pour des femmes. Notre présence a développé la créativité étatique. Vieux constat : elle est coercitive.

Cette volonté de destruction est inséparable des procès. Le rêve de l’État fut la comparution de l’un d’entre nous dissocié, voire repenti : Le dernier procès où Régis est concerné avait eu lieu en 1988. En 1994, se tint le dernier procès où nous comparaissons tous les quatre. Un autre élément est la démonstration de puissance : voilà ce qui arrive lorsque l’on combat le pouvoir ! Au milieu des années 1990, il s’allie à la routine sécuritaire. Est censé agir le lent grignotage des outils de la répression carcérale à forte dose. À ce moment-là, dans le contexte, celui de l’État français mais aussi sur un plan international, nos adversaires estiment avoir liquidé notre hypothèse de la lutte armée anticapitaliste et anti-impérialiste. Ici, nous paraissons définitivement enterrés sous les années de prison. [...]

[Gara] À votre sortie de prison, vous avez déclaré que vous allez vous battre d’abord contre votre maladie et, ensuite, pour obtenir la libération de vos camarades. On savait déjà que vous étiez une battante... Pourtant il y en a qui pensent que cela ne vaut pas le coup, que la société actuelle est comme ça, qu’on n’y peut rien pour changer l’état des choses...

[Joëlle] Comment faire passer le message qu’une des beautés de la vie est la créativité des hommes et des femmes se libérant et qu’un état des choses existant n’a rien de définitif ?

Si j’avais la réponse à cette question, je n’aurais pas fait 17 ans de prison pour avoir essayé une des possibilités de changer la donne. Je suis certaine d’une chose : cela en vaut la peine ! Je ne vais pas énumérer ici les innombrables raisons de ne pas vouloir de ces sociétés fondées sur l’exploitation et l’oppression. Les raisons pour s’en libérer sont plus nombreuses encore. Je fais partie d’une histoire commencée bien avant celle d’A.D., celle de la lutte des classes, celle de l’engagement pour libérer les exploités. Dans cette histoire, il y a déjà eu des défaites et des reculs. Les exploités et les opprimés surent repartir à l’assaut du ciel. C’est une composante du discours de l’idéologie dominante que de faire croire à l’éternité de son pouvoir. Hitler n’avait-il pas promis « un Reich de mille ans » ?

Ainsi, de mon point de vue, ceux qui voient la société actuelle comme une fatalité adoptent, volontairement ou non, ce discours. Entre la période où je me suis politisée à la fin des années 70 et aujourd’hui, il y eut, certes et entre autres, le rouleau compresseur de l’offensive bourgeoise face à laquelle nous et de nombreux autres avons été défaits. Néanmoins, comparées au début des années 90, je trouve ces dernières années plus ouvertes. La décomposition idéologique, à la fois cause et effet de la défaite, est certes toujours à l’œuvre, mais les besoins et désirs de contrer les dégâts de cet ordre du capital et ses horreurs impérialistes se font exigeants.

Nous serions ainsi sortis de ce fond du trou où l’existence d’exploités était niée au point de les transformer en pures victimes. Juste bonnes pour la charité, ils y perdaient leur qualité de sujet agissant. Le discours dominant continue, dans son ronron, à les présenter de ce point de vue. Néanmoins, il apparaît de plus en plus flagrant comme tel. Les yeux s’ouvrent et ce discours est de plus en plus celui du seul pouvoir. Tandis que sa brutalité éclate en guerres, pressurisation des travailleuses et travailleurs, dégâts sur l’environnement et autres destructions dévastatrices. Moins que jamais, c’est le moment de lâcher l’affaire. Nos ennemis ont « seulement » l’avantage de la raison du plus fort. De notre côté, nous avons encore beaucoup de choses à reconstruire et élaborer à nouveau. Aucune raison d’en avoir peur. Le rêve d’une société libérée des rapports de production capitalistes, de leur violence et de leur destructivité pour l’humanité est inscrit dans le quotidien de ces mêmes rapports, à la fois sous la forme de la nécessité de leur dépassement et contre les régressions dont ils sont porteurs. [...]


Extraits d’une interview réalisée en août 2004 par Ekaitza, hebdo politique basque, et Gara.

Texte intégral : ekaitza.free.fr/939/joelleaubron.html




Accueil du site > Bulletins > NLPF-11 fév. 2007 > Interview de Joëlle Aubron (Ekaitza - Gara)

Ecrire aux militants d’Action directe incarcérés !
 
Georges Cipriani
n°écrou 5250/2108
M.C. Ensisheim
40, rue de la 1re Armée
68190 Ensisheim 


Jean-Marc Rouillan
n° écrou 9590B130
Centre de détention de Muret
route de Seysses
31600 Muret



Communiqués

Militant-e-s d'AD

Infos diverses