DANS quelques semaines les cérémonies officielles (ou non) commémorant le quarantième anniversaire de mai 68 battront leur plein.
Des socio-libéraux, totalement étrangers aux événements, à un patronat mort de trouille pendant plus d’un mois, sans oublier d’anciens gauchos néo-bobos, passés du col Mao au Rotary club, chacun va y aller de son couplet fossoyeur. Tous mettront en valeur le côté anecdotique, les bons mots situationnistes, la fête…
Tous ceux-là passeront sous silence la grève générale, les usines occupées, la trahison des réformistes bradant l’insurrection pour un plat de lentilles, la haine des fascistes d’Occident appelant à « fusiller Jean-Paul Sartre » (n’est-ce pas, messieurs Madelin, Devedjian, Longuet et consorts ?) « Hier, l’anarchie… Aujourd’hui, l’ordre nouveau » leur fait aujourd’hui écho Sarkozy qui prétend en finir avec Mai 68.
Car à travers la tentative actuelle de délégitimer 150 ans de luttes ouvrières et d’acquis sociaux, ce sont tous ceux qui se battent aujourd’hui contre le capitalisme qui sont visés. Ce sont toutes les expériences
ouvrières offensives et les tentatives révolutionnaires ou
progressistes de par le monde au cours des quarante dernières années qu’ils veulent balayer :
•Le gouvernement d’Unité populaire d’Allende au Chili, écrasé par la féroce répression fasciste de Pinochet.
•Le renversement de la dictature de Salazar. par le peuple portugais.
Les guerres de libération victorieuses au Vietnam Laos Cambodge.
•L’insurrection sandiniste du Nicaragua.
La longue résistance des peuples d’Afrique du Sud contre l’apartheid jusqu’à son effondrement.
•La lutte héroïque de libération du peuple palestinien, ses intifadas...
En Europe de l’Ouest, la radicalisation des luttes engendrée par Mai 68 a contribué à des pratiques de lutte armée que la bourgeoisie ne pouvait tolérer. C’est pourquoi, il lui fallait et il lui faut toujours réduire à néant dans la mémoire collective les expériences irlandaise, italienne, allemande, et celle d’Action directe en France.
C’est tout le sens de l’offensive idéologique sarkozienne contre Mai 68, et c’est la raison fondamentale de la censure et de l’interdiction d’expression politique que subissent nos camarades.
À tous les juges, à tous les censeurs, une seule réponse :