Le 1er mai 1979, la façade du siège du Cnpf (devenu le Medef) est mitraillée. L’action est revendiquée par « Action Directe ». Dans la situation politique de la fin des années 70, des militants de l’autonomie, des libertaires, des marxistes-léninistes ont fait le choix de la guérilla. Parmi eux, Jean-Marc Rouillan, un ancien des GARI et compagnon de Salvador Puig Antich (exécuté en 1974 par Franco), et Nathalie Ménigon, autonome et syndicaliste seront à l’origine d’Action Directe. Ce groupe, comme d’autres, est actif dans le mouvement des squats, mais il pratique également des expropriations, des opérations de financement, des sabotages à l’explosif. Régis Schleicher est arrêté en mars 1984 et condamné pour une fusillade avec les forces de police. Action Directe intensifie sa campagne anti-impérialiste et exécute le général Audran, puis Georges Besse, PDG de Renault. Pasqua, ministre de l’intérieur, manie l’amalgame avec les attentats-massacres de cet hiver-là, la presse suit, c’est l’union sacrée pour « terroriser les terroristes ». Georges Cipriani, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Jean-Marc Rouillan sont arrêtés en février 1987. Jugés par une cour spéciale exclusivement composée de magistrats, avec l’application rétroactive de la loi dite « antiterroriste » de 1986, ils sont condamnés à l’emprisonnement à perpétuité.
L’abolition de la peine de mort privant l’État d’une « sentence exemplaire », des conditions de détention « spéciales » leur seront réservées, après les procès « spéciaux ». Il s’agit de faire un exemple, de les briser afin de marquer les esprits et de décourager tout autre acte de résistance radicale. S’ensuivent des années de torture blanche, d’isolement total, de brimades, de blocage des parloirs et du courrier. Les militantes et militants d’Action Directe ne plient pas, et après plusieurs grèves de la faim ils obtiennent un regroupement partiel, le droit de s’écrire, le déblocage de quelques parloirs... Ils en paient le prix fort, en termes de santé.
Joëlle Aubron est décédée le 1er mars 2006, des suites d’un cancer que la « médecine » carcérale n’a détecté que trop tard pour espérer la guérir. En suspension de peine, soumise à un contrôle strict de ses déplacements, elle a mobilisé toutes ses forces pour la libération de ses camarades, tout en combattant la maladie.
Les militants d’Action Directe sont aujourd’hui détenus depuis 20 ans et plus. Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan ont terminé la peine incompressible de 18 ans depuis février 2005 ; Régis Schleicher, depuis 7 ans. Leurs demandes de libération conditionnelle ont toutes été rejetées. Et une nouvelle loi d’exception vient encore de réduire les possibilités de bénéficier de la liberté conditionnelle.
Depuis leur incarcération, le chantage est clair, puisqu’un juge est même allé jusqu’à écrire, pour refuser la libération de Régis Schleicher : « pas de libération sans repentir ». L’État les maintient donc en détention non pas pour ce qu’ils et elle ont fait, mais pour ce qu’ils et elle pensent. C’est l’État lui-même qui les soustrait au « droit commun » et les traite en prisonniers d’opinion. Pour nous ce sont des prisonniers politiques, des prisonniers de la guerre de classe.
1987 - 2007 : vingt ans d’emprisonnement, vingt ans de résistance, vingt ans de combats !
Non au chantage au reniement : nous n’oublions pas que les militants et militante d’AD payent en prison leur engagement dans le camp des exploités.
Nous ne les abandonnerons pas à la vengeance d’Etat !
Libération sans conditions des militant-e-s d’Action Directe !